« Dans l’artisanat, toutes les activités ont besoin de main d’œuvre, mais on a du mal à recruter »
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Artisan couvreur-zingueur de profession, Patrick Liébus est également le président de la CAPEB (Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment). Après plusieurs années de crise, son secteur d'activité, le BTP, connaît depuis peu une véritable reprise.
"Quand le bâtiment va, tout va", lance Jean-Paul Chapel. "Les chiffres sont meilleurs que prévus, avec une progression de 1,3 % cette année. C'est mieux que ce que l'on espérait. Que se passe-t-il ?"
"Tout à fait ! C'est bon signe", affirme Patrick Liébus. "Ce qu'il se passe, c'est que des mesures avaient été prises à un certain moment et ont pu permettre une dynamique concrète. Maintenant, il faut que la dynamique se pérennise dans le temps. Mais cela montre bien qu'il y a de l'investissement dans notre secteur. Le secteur du bâtiment est non seulement porteur d'économie, mais également d'activité".
Comment expliquer cette reprise ? Construction de maisons, d'appartements et taux bas y sont pour quelque chose. "À partir du moment où on a des taux d'intérêt bas, on peut investir. D'ailleurs, ce sont les meilleurs investissements qui puissent être faits. Nombreux sont ceux qui se tournent vers l'investissement sur la pierre, c'est ce qui relance notre secteur", assure le président de la CAPEB. "On construit aussi car beaucoup veulent s'installer en périphérie des grandes villes, ce qui dynamise un peu la construction. Il y a également des moyens de transports qui ont été améliorés, tout cela relance la construction.", poursuit-il.
Mais, comme le souligne notre invité, il y a la construction neuve et la rénovation. Et en matière de rénovation, il y a un peu plus d'attentisme dans ce secteur. Pourquoi ? "L'attentisme dans ce secteur est simplement dû aux mesures. À partir du moment où les mesures sont portées sur la pérennité, cela ne pose aucun problème. Mais sur le secteur de la rénovation, de la rénovation énergétique, tout est basé sur les mesures prises au niveau gouvernemental", explique Patrick Liébus.
"Aujourd'hui, c'est actuellement un crédit d'impôt sur la rénovation, donc avec un décalage d'un an. Ce qui est prévu, c'est une prime immédiate, c'est exact ?", interroge Jean-Paul Chapel.
"Exactement", répond l'artisan couvreur-zingueur. "C'est une prime qui remplacera le crédit d'impôt. La prime sera donnée à partir du moment où il y aura une facture qui sera faite. Par exemple, vous refaites vos fenêtres, vous amenez une facture acquittée, et à partir de ce moment-là, votre prime vous sera versée."
"La prime sera calculée suivant vos revenus", précise M. Liébus. "Plus votre foyer sera modeste, plus la prime sera élevée. Pour les foyers modestes et très modestes, ce sera quasiment une prise en charge totale, puisque vous cumulez la prime qui va être donnée et les certificats d'économie d'énergie (portés par l'ANAH, l'Agence nationale de l'habitat, NDLR)."
Le BTP est un secteur qui embauche. 25.000 emplois pourraient être créés cette année dans le bâtiment. "La moitié dans l'artisanat", souligne Patrick Liébus. "Les emplois annoncés sont sur l'ensemble du bâtiment, de la construction, y compris l'intérim."
"Dans l'artisanat, toutes les activités ont besoin de main-d’œuvre, mais on a du mal à recruter. C'est là le problème, on aurait besoin d'entre 10.000 et 11.000 emplois. L'année dernière, c'était 8.000 à 10.000. Mais on a énormément de mal à les trouver. On a du mal à recruter car il n'y a pas la main-d’œuvre déjà qualifiée nécessaire pour pouvoir faire face à la demande", fait savoir le patron de la CAPEB. "Pourtant, ce sont des métiers bien payés. Un apprenti dans le secteur du bâtiment est mieux payé qu'un apprenti dans d'autres secteurs !"